Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/48

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trop tôt dispersée. Les plus fidèles étaient MM. l’asquier, Molé, de Vintimille, Julien, Chênedollé, Guéneau de Mussy, de Fontanes ; mesdames de Krudner, de Vintimille, de Duras, de Lévis. Dans cet élégant cénacle, M. Joubert avait été bientôt distingué, et la bienveillance parfaite dont on l’honorait, les hautes relations qu’il trouvait ainsi l’occasion de former n’étaient pas sans influence sur le progrès et l’élévation de ses idées. C’était, pourquoi le taire ? une heureuse circonstance dans sa vie que cette familiarité par hasard établie entre lui et ce que Paris comptait encore de gens distingués par la naissance, la fortune, l’éducation et le bon goût. Les hommes assurément sont enfants de leurs œuvres ; mais, quelque doués qu’ils soient, ils doivent presque toujours à de fortuites rencontres une partie de leur dernière valeur. Ces bons hasards leur deviennent surtout profitables quand, placés au niveau de tous par les qualités de l’esprit, ils doivent à la modestie de leur caractère d’échapper aux jalousies, aux aigreurs, qui, dans de telles situations, altèrent ou corrompent eu secret de moins heureuses natures.

M. Joubert, au surplus, payait généreusement l’accueil qu’il recevait chez madamedeBeaumont.IIyavaitconduit M. de Fontanes, et il y introduisait M. de Chateaubriand, M. de Chateaubriand bientôt devenu le dieu du temple.

C’était par M. de Fontanes qu’il l’avait connu. Ce dernier, comme on sait, réfugié en Angleterre au temps de la déportation, s’y était lié étroitement avec l’illustre écrivain. Frappés par la politique l’un et l’autre, ces hommes de lettres éminents s’occupaient moins encore, sur la terre étrangère, de la politique que des lettres, et