Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/79

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D’uu ami qui n’est plus U voix longtemps chérir Me semble murmurer dans la feuille flétrie.


« Mais, hélas ! j’ai tant de regrets que je ne sais auquel entendre. Resté le dernier, je m’occupe à tout « arranger dans la maison vide, à fermer les portes et « les fenêtres. Ces pieux devoirs une fois remplis, si « mes amis, lorsque je les irai rejoindre, me demandent ce que je faisais, je leur répondrai : « Je pensais « à vous » Il y aura bientôt entre eux et moi communauté de poussières après union de cœurs. »

Le livre ne tarda point à paraître, car l’illustre éditeur sentait qu’une vieille amie mourante attendait de sa main généreuse le legs d’adieu destiné a ses amis. Il s’était empressé d’y joindre ce court avertissement :

  • Paris, 8 septembre 1858.

« J’ai lu ces mots dans les fragments de M. Joubert : » Le ver à soie file ses coques et je file les miennes ; « mais on ne les dévidera pas.

« Si ; je les ai dévidées : j’ai séparé les sujets conl’ondus sur des chiffons de papier. Toutefois je n’ai pas « trop multiplié les titres, pour laisser au penseur une « partie de la variété de ses pensées. On verra par la « beauté de ces pages ce que j’ai perdu et ce que le « monde a perdu. On peut ne pas être de l’avis de Joubert ; mais voulez-vous connaître la puissance de son « génie ? Jamais pensées n’ont excité de plus grands « doutes dans l’esprit, n’ont soulevé de plus hautes « questions cl préoccupé davantage. La veuve de