Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

physique, ni quadrupède ni bipède ; je la veux ailée et chantante.

Vous allez à la vérité par la poésie, et j’arrive à la poésie par la vérité.

On peut avoir du tact de bonne heure et du goût fort tard ; c’est ce qui m’est arrivé.

J’aime peu de tableaux, peu d’opéras, peu de statues, peu de poëmes, et cependant j’aime beaucoup les arts.

Ah ! si je pouvais m’exprimer par la musique, par la danse, par la peinture, comme je m’exprime par la parole, combien j’aurais d’idées que je n’ai pas, et combien de sentiments qui me seront toujours inconnus !

Tout ce qui me paraît faux n’existe pas pour moi. C’est pour mon esprit du néant qui ne lui offre aucune prise. Aussi ne saurais-je le combattre ni le réfuter, si ce n’est en l’assimilant à quelque chose d’existant, et en raisonnant par quelque voie de comparaison.

Les clartés ordinaires ne me suffisent plus