Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vouloir se passer de ce qui est nécessaire, ou employer ce qui est inutile : sources de maux dans la composition.

Il est bon d’écrire ses vues, ses aperçus, ses idées, mais non pas ses jugements. L’homme qui écrit toujours ses jugements, place partout devant ses yeux des calpe et des abila. il en fait des nec plus ultrà, et ne va pas plus loin.

Il ne faut jamais pousser hors de soi toute sa pensée, excepté celle dont il est bon de se débarrasser. Exhalez la colère tout entière, mais non pas l’amitié ; l’injure, et non pas la louange. N’éteignez pas l’esprit ; ne le videz pas non plus. Retenez toujours une portion de ce qu’il a produit, et laissez un peu de son miel à cette abeille, afin qu’elle s’en nourrisse.

Celui qui fait tout ce qu’il peut, s’expose au