Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/202

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la hauteur et de la dignité aux passions, voilà ce que J-J Rousseau a tenté. Lisez ses livres : la basse envie y parle avec orgueil ; l’orgueil s’y donne hardiment pour une vertu ; la paresse y prend l’attitude d’une occupation philosophique, et la grossière gourmandise y est fière de ses appétits. Il n’y a point d’écrivain plus propre à rendre le pauvre superbe.

On apprend avec lui à être mécontent de tout, hors de soi-même. Il était son Pygmalion.

L’esprit de Jean-Jacques habite le monde moral, mais non l’autre qui est au-dessus.

Une piété irréligieuse, une sévérité corruptrice, un dogmatisme qui détruit toute autorité : voilà le caractère de la philosophie de Rousseau.

La vie sans actions, toute en affections et en pensées demi-sensuelles ; fainéantise à prétention ; voluptueuse lâcheté ; inutile et paresseuse activité, qui engraisse l’âme sans la rendre meilleure, qui donne à la conscience