Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/463

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l-55 ot la bassesse y excellent; cela seul doit en dégoutcr. . Les airs d’insouciance, d’importance ou de fierté dont de jeunes tétes s’atl`ublent, comme d’un panache ou d’unc armurc, quand on attaque leurs défauts, et quelquefois par contenance ou par décontenance, sont un expedient qui leur nuit dans l’esprit de ceux qui les voient et qui s’en souviendront toujours. Ces amazoues d’un quart d’heure s’exposent par de telles équipées a déplaire eter- nellement. Mais que faire, quand on est timide, qu’on se sent gau- che , embarrassée? Il faut se résigner a l’étre, et consen- tir a le paraltre jusqu’a ce qu’on ne le soit plus. Ce ne sont pas la des malheurs. L’air embarrassé et timide n’a jamais repoussé personne. Il est d’aimables gaucheries; ' et un embarras ingénu , une timidité naive ont leur me- rite et leur attrait. Des yeux baissés ont de la grace et de la dignité peut-étre; mais tout choque dans un oeil hardi. Avez-vous quelque mauvais pli?‘Avez-vous des demi- _ défauts? Avez-vous meme des défauts , et voulez-vous de Vindulgence? Voici le secret infaillible de l’obtenir it pleins souhaits. Donnez-vous trois demi-vertus , trois demi-beautés , trois graces : l’accueil riant , les préveuances et le désir d’étre agréable , qui n’est pas celui de briller. Placez-les dans votre maintien , dans votre ton, dans vos manieres; mais ce n’est pas encore assez: dans vo- tre esprit, dans votre coeur, dans vos regards, dans votre voix, dans tous vos traits. Entretenez-les avec soin; ne vous en dépouillez jamais, car c’est un atour nécessaire au négligé le plus hardi. Soycz-en done toujours ornéc, et tout vous sera pardonné. Digiiizeu by Gccgle