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SIXIÈME LEÇON.


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FRANÇOIS COPPÉE ET JOSÉ-MARIA
DE HÉRÉDIA.


J’ai à vous parler aujourd’hui de deux poètes, de deux Parnassiens, qui sont aussi remarquables l’un que l’autre par leur habileté technique, leur souci de la forme, leur rouerie de versificateurs. Fr. Coppée et José-Maria de Hérédia sont l’un et l’autre des maîtres ouvriers, des rimeurs impeccables, disons d’un seul mot des écrivains de premier ordre. L’inspiration chez eux, dans le sens où ce mot est synonyme d’inconscience, est réduite à son minimum. Ils font ce qu’ils veulent, ils écrivent comme ils le veulent, avec une claire conscience de leurs moyens et de leur but. Un Lamartine pouvait bien improviser quelques strophes, au risque d’y laisser quelques taches ou quelques rimes faibles, en prenant une belle attitude ou en mettant le pied sur rétrier. Nos poètes actuels sont moins puissants et plus habiles. Ils choisissent avec soin leur matière, ou quelquefois même ils l’acceptent, sur commande, s’il s’agit de fêter un aniversaire ou une inauguration, et font avec réflexion, en sertissant leurs rimes, en agençant savamment leurs rythmes et leur périodes, des manières de chefs-d’œuvre, non seulement au sens habituel de ce mot, dit M. Jules Lemaître, mais encore « au sens où le mot était pris autrefois dans les confréries d’ouvriers des arts manuels. » José-Maria