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LES DÉCORÉS

été violent, il a arraché le morceau, et le pantalon garance est resté maculé de sang.

Les respectueux — ils sont légion en France — ont poussé des cris d’oies égorgées parce qu’on se permettait de toucher à l’arche sainte, et ont vomi le catéchisme poissard contre le courageux écrivain qui osait dévoiler les turpitudes de nos casernes. Il y a des malades qui s’entêtent à ne pas appeler un médecin dans la crainte d’être éclairés sur l’état de leur santé, et qui préfèrent crever plutôt que de se soigner. Tous les goûts sont dans la nature. Seulement le Ministre de la Guerre d’alors, le trop fameux académicien Freycinet, aurait dû gratifier illico du ruban rouge l’ex-sous-officier bravant les haines officielles et les fureurs de la foule par amour de la vérité, par conscience d’artiste, quand les empanachés, payés pour veiller au grain, roupillent, béatement enfouis dans le bien-être, et gardent le plus lâche silence. Cela aurait mieux valu que d’octroyer le grand-cordon à Cornélius Herz