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PAUL MARGUERITTE

considérer dans le vague un monde invisible et mystérieux. Oh ! très correcte, toujours courtoise, presque froide, sa conversation ; aucun emballement, aucune boutade, aucun gros mot, aucune manifestation bruyante. Seulement… lisez ses œuvres, et vous serez frappé de la hautaine franchise, de la tranquille audace de ses idées. Sous la forme élégante et colorée d’un styliste de race, sur le ton de la meilleure compagnie, avec l’air de ne « pas y toucher », l’écrivain arrive à en faire avaler de raides au lecteur et à implanter des théories que certains littérateurs fougueux — se posant en casseurs de vitres et en tombeurs de préjugés — n’ont jamais osé aborder.

Sans parler de Tous-Quatre, un livre de début d’une superbe netteté psychologique, dont force vieux routiers de la plume auraient hésité à affronter le sujet, Margueritte s’est attaqué à des conventions sociales qui, jusqu’alors, avaient été scrupuleusement respectées au théâtre et dans le roman. Amants met en