Page:Jourdain - Les Décorés, 1895.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
239
LES DÉCORÉS

sible, de fixer l’éphémère, de lutter contre le vertige de l’inconnu, celui-là est peut-être un halluciné, mais c’est à coup sûr un convaincu et un sincère.

À ses côtés, emporté par son imagination tourmentée et maladive, on voyage dans un monde enténébré d’épouvante. Ces yeux sans orbites roulant éperdus dans l’infini, ces faces privées de crâne, figées dans une extase fantômatique, ces têtes chevelurées de flammes tournoyant dans l’éther, ces bouches sans lèvres crispées d’horreur, ces hippogriffes macabres se ruant vers quelque formidable cataclysme, ces théories de larves visqueuses, mutilées, grotesques et effroyables, ces monstres insexuels rampant dans la nuit, ces nornes indécises et phosphorescentes grimaçant de muettes supplications, ces effarantes évocations de l’enfer, cet infernal grouillement de cauchemar, ces apparitions fantastiquement cruelles, ces dessins conçus dans une sorte de prurit de folie, captivent et passion-