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L’INCONNU

cacité des titres, et, en cachette, mystérieusement, elle commença à se remuer.

À l’Exposition universelle, je fus, vous le savez, accablé de travaux, je ne sais vraiment ni pourquoi, ni comment. Je m’attelai de tout cœur à la besogne, car elle m’empoigna cette gigantesque féerie qui flattait mon dada d’art moderne. Pas raffiné, pas délicat le grand bazar, mais amusant par son côté grouillant et rigolard, sa grosse exubérance de bon vivant narguant les constipés de l’Institut. Je piochais pour le plaisir de piocher ; ma mère, elle, dressait l’oreille : — « Si cette fois tu n’es pas décoré, me dit-elle un matin que j’allais lui dire adieu avant de partir à l’atelier, tu entends, Pierre, j’en mourrai. » Ce mot-là me jeta un seau d’eau glacée sur le crâne. Je la regardai, inquiet : « — Tu n’es pas malade, mère ? lui demandai-je. — Non, mais j’exige que tu sois décoré ! » Par hasard mes machines de l’Exposition furent remarquées et…