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L’INCONNU

rance que les plus insignifiants appuis lui serviraient. Elle fut rebutée, ridiculisée, bernée ou poliment éconduite. Nous ne connaissions pas d’homme politique, donc aucun espoir de réussite.

Pourtant, la confiance de cette vaillante resta inébranlable. Aussi, lorsque, le 2 novembre, elle ouvrit le journal et qu’en parcourant fiévreusement la liste des croix distribuées à la suite de l’Exposition, elle ne lut pas le nom de son fils, la pauvre vieille reçut un coup terrible. Jusqu’ici, elle avait constamment triomphé pour moi, et contre la maladie, et contre la misère, et contre la vie. La chance tournait : à son tour d’être vaincue. Je tentai l’impossible pour la distraire de sa défaite, mais je me heurtai à une idée fixe, se changeant en monomanie. Constamment, les noms des légionnaires nouvellement promus revenaient sur ses lèvres avec des paroles amères. Intérieurement, j’en étais obsédé et agacé !

À un certain âge, les émotions violentes