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LES DÉCORÉS

de nature conventionnel et exquis qui s’harmonise adorablement avec les déesses de marbre et les portiques graciles dont les blancheurs fantomales argentent l’ombre des bois, le badaud — interdit et hostile — s’enfuit ; à la hâte, il regagne l’allée poussiéreuse bordée de marronniers aux silhouettes déjà vues, l’allée grouillante où sévit l’écho d’une tonitruante musique militaire.

L’œuvre très particulière et très précieuse de Stéphane Mallarmé rappelle les jardins privés de Versailles : même impression de songe, mêmes parfums troublants, mêmes magnificences inconnues, mêmes élégances aristocratiques, même ambiance de mélancolie silencieuse embrumant les lendemains de fête et les palais morts.

La crapuleuse ironie dont on soufflette volontiers les talents personnels semble, depuis quelque temps, désarmer devant l’impassibilité sereine de l’artiste ; le rire, qui sert à assassiner les plus pures gloires, s’est tû, et, pour-