Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/107

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fixer ses souvenirs et de raconter sincèrement ce qu’il a vu ou ce qu’il sait sur cette époque funeste.

Rien ne doit être oublié, les moindres détails auront leur place dans le livre d’or consacré à la mémoire des assassins de mai 1871.

Le côté le plus particulièrement monstrueux de la sauvage répression dont Paris fut l’objet, c’est la variété et le raffinement de cruautés apportés dans leur vengeance, par les défenseurs de la morale et de la famille.

Deux traits entre mille le démontreront suffisamment :

Cinq cents fédérés avaient été enfermés dans la prison de Mazas. Ceux-là avaient été réservés pour les conseils de guerre ; parmi eux, il y avait un grand nombre de pères de famille en proie à la plus vive inquiétude sur le sort de leurs femmes et de leurs enfants.

Le soir de leur incarcération, un greffier de la prison avertit plusieurs d’entre eux qu’ils seraient mis en liberté si quelqu’un de leur famille venait les réclamer ; il les invitait, par conséquent, à écrire des lettres qu’il ferait remettre à destination.

C’était tout simplement un moyen employé pour trouver de nouveaux coupables, car aucun de ceux qui écrivirent n’obtint sa mise en liberté, mais il arriva que des parents qui venaient pour les voir et faire les démarches indiquées furent emprisonnés à leur tour.

Quelques-uns tombèrent dans le piège qui leur