Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/116

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un véritable tombeau des hommes parmi lesquels on trouverait certainement des natures faciles à améliorer, si l’on se préoccupait de trouver et d’appliquer les moyens propres à leur régénération.

Personne cependant ne s’est demandé si cette force considérable, stérilisée dans notre colonie, ne pourrait pas être utilisée dans l’intérêt de la patrie et des individus eux-mêmes.

Nul ne paraît soupçonner qu’il y a là aussi une œuvre grande, de haute moralité, d’intelligente justice, à entreprendre et à mener à bonne fin.

Que fait-on pour ces huit mille travailleurs, robustes, habiles pour la plupart ? Que deviennent-ils ? Qu’a-t’on fait pour les instruire, pour les relever, pour leur permettre de reconquérir leur dignité d’hommes ? Rien !

La magnifique Australie doit toute sa richesse, toute sa prospérité, tout son merveilleux développement aux convicts anglais, qui sont pour la plupart redevenus des hommes, d’utiles citoyens, après avoir été rejetés par une société dont les responsabilités sont si grandes dans tous les crimes que quelques-uns commettent dans son sein.

Pourquoi les transportés de la Nouvelle-Calédonie ne seraient-ils pas appelés à espérer un avenir semblable ?

Serait-ce que le criminel français soit plus corrompu, plus incorrigible que le criminel anglais ? Non pas, mais le convict anglais s’est retrempé dans la liberté, reconquise par le travail et l’effort recom-