Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

été arrêtée, par lui et plusieurs de ses camarades, dans la rue de Lille, près des décombres de la Caisse des Dépôts et Consignations ; ils l’avaient surprise en flagrant délit de vol et demandaient grossièrement son exécution.

Les yeux de la jeune fille étincelèrent et d’une voix indignée elle protesta de son innocence.

L’homme insista, et plongeant la main dans la poche du tablier de la pauvre enfant il en tira d’un air victorieux… un fragment de miroir, moins grand que la main, et que la coquette enfant avait ramassé dans la rue, en se rendant à son atelier.

« C’est bien, dit Claude ; emmenez-la. »

Le bruit d’une décharge ébranla les vitres de la salle où je me trouvais.

L’homme à l’abjecte figure rentra et, s’adressant à ses chefs : « Son affaire est faite ! » Alors, seulement, il me sembla que la Commune venait de mourir.



Je passai toute cette journée au ministère des affaires étrangères, en butte aux injures et aux violences des sauveurs de la société.

Le soir, vers huit heures, je fus étroitement garrotté à l’aide d’une corde qui me faisait plusieurs fois le tour du corps ; j’avais les bras fortement atta-