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Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/402

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306 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

vingt minutes de gymnastique suédoise. Cela me fait un bien de même nature. Cela vous tient en forme et vous permet de vous passer d’être consolé.

A M. A… : Le danger passe, mais la douleur reste. Et dire qu’on publie autre chose dans nos revues et jusqu’à des romans et qu’il n’existe pas un esprit d’homme ou de femme qui ne fasse passer n’importe quoi avant le problème de la paix…

« Castlereagh refusait de subordonner l’Europe à la police internationale dont l’armée russe serait le plus puissant élé- ment. Ce système ouvrait à la Russie les territoires de tous les Etats confédérés pour exercer sa garantie aux points les plus éloignés de l’Europe. Il répondait aux déductions logiques qu’Alexandre tirait de la Sainte Alliance — au nom de la très sainte et inviolable Trinité — et des traités antérieurs : « une alliance limitée pour des objets définis est une chose ; une union universelle devant agir pour une action commune dans des circonstances qui ne peuvent être prévues, est une tout autre chose, L’admission, dans les conseils de l’Europe, d’un nombre de petits États, serait ouvrir la porte aux intrigues et aux périls qui sont réduits à leur minimum dans une alliance étroite. La difficulté de distribuer exactement l’importance des mem- bres constituant une telle assemblée, a été démontrée par la eonstitution de la Diète fédérale, dans laquelle le faible pou- voir électoral donné à l’Autriche et à la Prusse les a déjà con- duites à une rivalité pour gagner des adhérents. Loin qu’une telle ligue pût conduire au désarmement, l’influence décisive appartiendrait aux gros bataillons. Il est à craindre que l’em- pereur Alexandre se déguisât à lui-même, sous le langage d’une abnégation évangélique, l’ambition d’usurper dans la nouvelle Confédération d’Europe, la position prépondérante que l’Au- triche a obtenue dans la Confédération germanique. »