Page:Journal asiatique, série 1, tome 10.djvu/137

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ries (1). Mais l'ordre dans lequel elles sont rangées, est identique dans les deux alphabets. Les voyelles sont unies aux consonnes suivant le même procédé. La langue tibétaine n’emploie que les cinq voyelles brèves a, i, ou, e, o ; mais quand il s’agit d’écrire les mots samscrits, on forme les longues â, î, , les diphthongues oe et ao, et les voyelles particulières à cet alphabet, appelées ri, rî, lri, lrî, suivant des pro-

(1) Cette assertion est presque positivement contredite un peu plus bas ; l’auteur compare au tibétain , non plus le dévanagari actuel, mais celui qu’on trouve dans les inscriptions samscrites du premier au dixième ou douzième siècle de notre ère. C’est là en effet qu’il faut prendre les matériaux d’une telle comparaison, en y joignant de plus l’alphabet Bengali, qui, dans quelques-unes de ses formes,se rapproche plus du dévanagari ancien que du dévanagari actuel. Alors on trouve, avec les auteurs de l'Essai sur le Pali, que tout le système des voyelles et les consonnes k, kh, g, tch, tchh, t, th, d, n, p, m, r, l, v, s, sont les mêmes en tibétain qu’en dévanagari, ce qui est bien suffisant pour démontrer l’identité des deux alphabets ; il suit de là que le tibétain est plus rapproché du dévanagari ancien que de celui de nos jours. Selon nous, les monumens impartialement consultés mènent à ces résultats : 1°que le dévanagari actuel n’est autre que le caractère des inscriptions de Gâya et d’autres lieux, qu’on place du premier au dixième ou douzième siècle de J-C. ; 2° que le tibétain n’est au fond autre que ce dévanagari pour le plus grand nombre de ses lettres ; 3° qu’on peut croire que du dévanagari primitif est sorti, d’une part, le tibétain, de l’autre le samscrit actuel. Je ne pense pas qu’on puisse prétendre, contre tous les témoignages historiques, que c’est du tibétain qu’est dérivé l’ancien dévanagari ; la richesse de celui-ci comparée à la pauvreté du premier, suffit pour donner l’antériorité à l’alphabet indien. Car je crois ( et je pourrais citer plus d’un fait en faveur de celte opinion ) ; que quand une langue ou un alphabet sont transportés d’un peuple chez un autre, ils perdent presque toujours quelque chose dans le passage. (E.-B.)