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fût l’état primitif du continent privilégié que nous habitons, et sur lequel nous ne pouvons avoir aucune donnée certaine, tout nous prouve que sa civilisation et sa population actuelle lui viennent de l’est.

Les Celtes eux-mêmes, long-temps regardés comme les Européens autochthones, attestent, par ce qui nous reste de leur langage, une origine indo-germanique. On peut les regarder en quelque sorte comme les avant-coureurs de cette grande migration, comme la tribu qui, se détachant la première de la souche commune fixée en Asie, pénétra à l’extrémité la plus occidentale de l’Europe, où elle se trouva en contact avec la race cantabre, dont l’origine sémitique paraît prouvée par la langue basque, et qui était sans doute venue d’Afrique. La seconde migration, à en juger par l’analogie du sanscrit, dont le développement successif peut nous servir ici d’échelle de proportion, paraît avoir été celle des Scandinaves et des Germains. Leurs mots sont presque tous semblables à ceux des Indiens et sur-tout des Persans ; mais leurs terminaisons ont une rudesse et une originalité qui les distinguent et qui prouvent une scission antérieure au perfectionnement complet de la langue.

Cette différence est encore plus marquée, moins pour les formes que pour les racines mêmes, chez les peuples slaves et sarmates, qui ont cependant dû se détacher plus tard, et qui se placent naturellement en troisième ligne. Mais peut-être doit-on l’attribuer en grande partie au mélange qu’éprouvèrent leurs idiomes avec ceux des Finnois et des Tatares leurs