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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/19

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votre père n’avait de relations qu’avec les femmes publiques, les bâtonnistes (spadassins) et les marchands de drogues (charlatans des rues) ; c’est sous les auspices d’un pareil homme que vous avez appris l’art militaire. Dites-moi, les conseillers de l’administration précédente avaient donc perdu les yeux pour nommer un drôle tel que vous commissaire d’année ? Je comprends, après cela, que, dédaigneux et fier, vous n’ayez pas voulu fléchir le genou devant moi. Mais, pour braver avec tant d’audace les lois de la discipline, sur quelle puissance, sur quelle autorité comptez-vous donc ? Quoi, avec une figure de santé comme la vôtre, vous feignez d’être malade et vous restez chez vous !

— « Pardonnez-moi, répliqua Wang-tsin d’un air suppliant, la vérité est que je souffre d’une maladie grave et que je ne suis pas encore rétabli.

— « Vaurien astucieux, dit alors Kao-khieou, si vous souffrez dune maladie grave, comment avez-vous pu venir à pied dans mon hôtel ?

— « Le gouverneur m’appelait, répondit Wangtsin, pouvais-je désobéir à ses ordres ? »

A cette réponse, Kao-khieou, tout à fait hors des gonds, se mit à crier : « Huissiers, qu’on le saisisse ; prêtez-moi main-forte ; frappez-le à coups de verges ! » Tous les généraux présents, qui portaient de l’affection à Wang-tsin, implorèrent sa grâce. « Gouverneur, lui dirent-ils, le jour où vous prenez possession de votre charge est un jour heureux. Veuillez pardonner à cet homme !