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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/36

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— « Songez donc, répliqua le supérieur, qu’il est le frère de Tchao, le youên-waï. Comment pourriez-vous, sans avoir égard aux sollicitations de notre bienfaiteur, refuser une admission qu’il propose ? La méfiance nuit souvent ; gardez-vous de vous y abandonner. Au surplus, je vais méditer moi-même sur le caractère de cet homme. »

Après avoir allumé une baguette d’encens consacré, le supérieur Sagesse-éminente s’assit, les jambes croisées, sur le banc de la méditation et récita quelques prières à voix basse, Quand le feu de la baguette s’éteignit, il revint au milieu des bonzes.

« Oh, pour le coup, s’écria-t-il, vous pouvez le tonsurer. Savez-vous que cet homme est né sous la constellation du Ciel ? C’est un caractère ferme et droit. J’avouerai qu’il est un peu brutal, passablement idiot, et qu’on ne trouve dans sa vie qu’un singulier mélange de bien et de mal ; mais dans la suite il témoignera une piété exemplaire à laquelle, vous autres, vous n’atteindrez jamais. Souvenez-vous de mes paroles et ne mettez pas d’obstacle à l’exécution de mes volontés.

— « Vénérable supérieur, répliquèrent les desservants de l’autel, voilà ce qui s’appelle une sage condescendance » Du reste advienne que pourra, nous ne sommes pas responsables des fautes d’autrui. »

Après un repas maigre, auquel assista Tchao, le youên-waï, un bonze administrateur établit le compte des frais. Le youên-waï remit à ce bonze quelques taels d’argent pour la chape, le pluvial, le bonnet,