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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/41

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hauteur. Il était horriblement laid ; la forme de sa tête avait en outre quelque chose de comique. Les habitants du Tsing-ho, voyant qu’il était chétif et d’une petite stature, l’avaient affublé d’un sobriquet ; ils l’appelaient San-tsun-ting « homme de trois pouces ».

Il existait dans une famille opulente du Tsingho une jeune camériste d’une beauté remarquable. Son nom de famille était Pan, son surnom Kin-lièn [1]. Elle avait alors vingt ans. Le maître de la maison, épris de ses charmes, voulait en faire sa concubine ; mais, comme il arrive presque toujours, la femme légitime, refusa son consentement. Dans son dépit, le maître proposa cette jeune fille à un marchand de gâteaux, à Wou-ta, qui l’épousa moyennant quelques pièces d’argent. Kin-lièn n’aimait pas son mari ; elle se plaignait sans cesse de l’exiguïté de sa taille et de la laideur de son visage ; elle trouvait surtout ses manières fort communes. Pour le malheur de celui-ci, elle se lia d’amitié avec des courtisanes et des femmes de mauvaise vie, qui étaient venues s’établir à Tsing-ho. Wou-ta était un homme fort honnête, plein de droiture,

  1. « Nénuphar d’or ». On désigne poétiquement par cette expression les petits pieds d’une femme. (Voyez l’ouvrage intitulé : Chinese courtship, by P. P. Thoms, p. 19.)