Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 9, tome 20.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
252
SEPTEMBRE-OCTOBRE 1902.

« l’enseignement du protecteur du monde s’est proportionné aux besoins et aux capacités des créatures[1] », que « l’enseignement bouddhique repose tantôt sur la vérité vraie, tantôt sur la vérité relative[2] » ? — et, plus conséquents que les représentants contemporains de la tradition pālie, écarterons-nous comme « socratique » tout ce qui dans l’enseignement du Maītre dépasse le domaine du visible ?

Si on se refuse à critiquer nos sources pālies et sanscrites ainsi qu’on doit, de l’avis commun, critiquer la littérature des anciens Aupaniṣadas, c’est-à-dire en les acceptant comme diverses d’origine et de tendance ; si on adopte vis-à-vis de nos sources l’attitude d’un Çaṁkara à l’égard du Vedānta, force est d’appliquer son principe d’exégèse : paramārthasatya, vyavahārasatya. — D’ailleurs, nous l’admettons volontiers, ce principe est dans le bouddhisme

  1. deçanā lokanāthānām sattvācavavaçānugah (Nāgārjuna dans Bodhicittavivaraṇa. Tandjour, Rgyud xxxiii, fol. 45 b) — identifié par M. F. W. Thomas, cité Sarvadarçanas. 23. 7 ; voir la remarque de M. Kern (Huet), I. 289.

    C’est un précepte du Grand Véhicule que les guides spirituels doivent tenir compte des dispositions du fidèle, Bodhic. p. (Bibl. Ind.), 161. 8.

  2. Mādhyamikasūtras, xxiv. 8 : dve satye samupāçritya buddhānāṁ dharmadecanā… ; cité Bodhicaryāv. ṭ 243. 27, Nāmasaṁgītiṭ., Minayeff, p. 222 ; discuté Mīmāṁsāçlokavārtika (Chowk. S. S.), p. 218. — Comparer les deux çlokas Kathāvatthup. a., p. 34, in fine :

    duve saccāni akkhāsi saṁbuddho vadataṁ varo
    sammutiṁ paramathañ ca, taliyaṁ nupalabbhati.
    saṁketavacaaaṁ saccaṁ lokasammutikāraṇaṁ,
    paramatthavacanaṁ saccaṁ dhammānaṁ talba lakkhaṇaṁ.