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Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 4, 1905.djvu/183

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SUR L’ORIGINE DES RADIATIONS ET L’INERTIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE ;

Par M. P. LANGEVIN.

I. — Je me propose de montrer ici comment l’étude de la perturbation électromagnétique produite dans l’éther, supposé immobile d’après M. Lorentz, par un mouvement donné quelconque de charges électriques ou électrons, permet de pénétrer dans le détail des phénomènes de radiation et d’inertie, d’analyser le mécanisme de la connexion qu’établissent les électrons entre la matière qui les contient et l’éther électromagnétique, dans le sens indiqué par M. Larmor[1].

Les résultats qui vont suivre ont été exposés au Collège de France il y a deux ans ; j’en ai depuis retrouvé une partie dans les publications de M. Liénard et de M. Schwartzschild[2], mais je crois nécessaire de les reprendre complètement pour appeler l’attention sur leur importance et pour rendre plus clair le point de vue nouveau auquel je me suis placé.

Il semble en effet bien établi aujourd’hui que, sans parler des phénomènes purement électromagnétiques, les propriétés fondamentales de la matière, l’inertie et le pouvoir d’émettre et d’absorber les radiations, sont liées à la présence de particules électrisées en mouvement, d’électrons, dont le déplacement à travers l’éther modifie les champs électrique et magnétique définissant l’état de ce milieu.

L’inertie des électrons négatifs, des corpuscules cathodiques, paraît, d’après les expériences de M. Kaufmann[3], être tout entière d’origine électromagnétique, être due à la nécessité de créer ou de détruire pour modifier le mouvement du corpuscule, le champ magnétique que l’on sait accompagner ce mouvement. Il est tentant, pour ne pas chercher deux explications différentes d’un même phénomène, d’étendre ce résultat à toute la matière en considérant l’inertie de celle-ci comme l’inertie électromagnétique totale des électrons positifs et négatifs qui la constituent.

D’autre part, la radiation présente dans l’éther seul, à grande distance de sa source, peut se décomposer en ondes planes perpendiculaires à la direction suivant laquelle elles se propagent avec la vitesseJ. de Phys., 4e série, t. IV (Mars 1903.)

  1. J. Larmor, Aether and Matter, p. 229.
  2. A. Liénard, L’Écl. élect., t. XVI, pp. 5, 53, 106 ; 1898 : — K. Schwartzschild, Nachr. math. phys. Klasse ; 1903
  3. W. Kaufmann, Götting. Nachr. math. phys. Klasse, p. 90 : 1903.