Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/23

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le moment des derniers adieux, moment pénible pour ceux qui partent et pour ceux qui accompagnent. On s’embrasse, on s’étreint, les mouchoirs sortent, on se dit encore quelques mots, pas moyen de se quitter, on s’embrasse encore, enfin on s’arrache en sanglotant ; cela fait peine à voir. Il n’y a plus que les passagers à bord, et les sacs de dépêches continuent toujours à défiler sur les dos des porteurs. Enfin les planches sont retirées, les amarres sont amenées, le remorqueur s’attèle à l’avant et on se demande comment cette coquille de noix va pouvoir mettre en mouvement ce colosse. Cela se décolle cependant peu à peu, on part, on est parti !

Je me précipite à ma cabine, personne ! Je vais donc être seul. Quelle chance !

Nous passons entre les deux jetées noires de monde ; des mouchoirs s’agitent de tous côtés ; on entend des cris, des souhaits. Quelques tours d’hélice et nous voilà en pleine mer. Nous devions partir à quatre heures, il en est cinq déjà, et après une station sur le pont, occupée à contempler le panorama de Marseille qui disparaît, nous descendons à la salle à manger pour dîner. Nous nous installons à une petite table de six, dans un coin, car sous cette table passe un courant d’air chaud où nous mettons nos pieds pour nous réchauffer. Le maître