Page:Journal des économistes, 1844, T8.djvu/416

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Le chiffre du commerce total, exportations et importations réunies, est de 2 milliards 179 millions.

Dans ce chiffre du commerce général, les importations figurent pour 1 milliard 187 millions.

Il faut remarquer toutefois que ce chiffre comprend le transit et les réexportations, mais que le commerce réel de consommation étrangère est resté au-dessous de ce qu’il était l’année précédente, soit 845 millions au lieu de 847.

C’est donc sur l’exportation des produits nationaux qu’a porté l’augmentation. Cette exportation est de 687 millions, au lieu de 644 millions, chiffre de l’année 1842. Nous avons donc cette année vendu plus que nous n’avons acheté. Mais si la consommation intérieure a profité de cette circonstance, si les écus que nous avons dû recevoir de l’extérieur ont alimenté les fabriques, l’équilibre sera bientôt rétabli. En analysant les tableaux que publie la douane, on remarque que l’accroissement a porté surtout sur des marchandises dont notre propre sol fournit la matière première, et sur des objets de fabrique française, meubles, modes, métaux ouvrés, ganterie, livres, porcelaines, etc. Les vins sont restés stationnaires. La France en avait manqué, elle s’est servie la première, c’était justice.

Le gouvernement belge s’applique à profiter sans retard de l’achèvement des travaux du chemin de fer de Londres à Douvres. Le service des postes anglais entre Douvres et Ostende va devenir quotidien. De son côté, le gouvernement belge va créer un service national. À l’autre extrémité du royaume des arrangements sont faits avec le chemin de fer rhénan, et bientôt un voyageur inscrit à Londres et muni d’une carte pourra circuler dans toute la Belgique et dans toute l’Allemagne.

Ainsi va se trouver résolue, au profit de la Belgique, la fameuse question du transit, tant de fois posée dans les Chambres législatives françaises.

L’expédition de Chine a donné de l’émulation aux nations européennes. La Suède vient de suivre notre exemple. Elle envoie en Chine, par Londres, une commission à la tête de laquelle se trouve l’un des plus riches armateurs de Stockholm, M. Ch. Frédéric Liljewalch, propriétaire de 52 navires. Le pays attend de bons résultats des travaux de cette commission, composée d’hommes modestes, mais versés dans les affaires et bien en état d’apprécier la valeur des échanges praticables entre la Suède et la Chine.

Au reste, toutes les nations européennes cherchent aujourd’hui des débouchés. Il est assez curieux d’entendre ces nations se plaindre qu’elles regorgent de produits, quand elles offrent à la commisération publique la moitié de leurs populations à peu près nues et affamées. Que la pauvre Alsace cherche des débouchés pour sa population, c’est un triste spectacle auquel il faut bien se résigner ; mais il se comprend, et c’est la preuve que chez nous c’est le capital qui manque, et quand vous aurez conquis mille colonies, vous n’aurez rien fait encore, puisque vous manquez de la force nécessaire à la production des marchandises pour lesquelles vous cherchez des débouchés.

Et cependant il existe une école entière de publicistes qui ne voient le salut de la France que dans des colonies lointaines. Ils veulent que la France prenne possession de Madagascar ; que Bornéo soit disputée à ses possesseurs actuels, les Hollandais et les Anglais ; que l’on aide Haïti à se placer sous notre protection d’abord, sauf à voir, plus tard, etc., etc. Et pendant ce temps l’Al-