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JOURNAL
DES
ÉCONOMISTES.



INTRODUCTION
À LA CINQUIÈME ANNÉE.



Nous ne venons plus cette fois, comme les années précédentes, faire à nos lecteurs des promesses, leur dénoncer un programme, leur expliquer à l’avance le but que nous voulons atteindre, ou développer les moyens que nous nous proposons de suivre.

Nous venons avec confiance parler des promesses tenues, parler de nos efforts constants, et remercier le public qui nous en a tenu compte.

Après quatre années d’existence, nous avons la satisfaction de voir l’avenir du journal reposer enfin sur une base solide, et sa position dans le monde sérieux de mieux en mieux assise.

Qu’on nous permette de le croire et de le dire, il y a quelque gloire attachée à l’accomplissement de la tâche que nous nous sommes imposée. Au milieu du tumulte du monde, au sein de l’agitation du moment, il fallait parler haut pour se faire entendre ; et cependant, grâce à la plume de nos savants collaborateurs, notre voix a été entendue. Nous vivons en un temps avec lequel les temps passés n’ont point d’analogie. Poussées par l’accroissement de la population, autrefois les nations émigraient. Elles ravageaient les pays traversés par leur tourbe immense, comme les sauterelles ravagent les champs où elles s’abattent. Aujourd’hui, les nations s’émeuvent et s’agitent encore ; mais elles travaillent, et c’est désormais dans la production qu’elles cherchent le bien-être auquel leur intelligence leur permet d’aspirer.

Ce mouvement, nous ne le voyons que trop, est encore désordonné ; c’est sans en avoir conscience que les nations progressent ; elles méprisent les lois qui les guident, et ce n’est que dans la mauvaise fortune qu’elles se rappellent, pour la maudire, la science de l’économie politique, qui, inutile Cassandre, les a dès longtemps averties.

Et cependant, si l’on arrête un moment sa pensée sur la marche du genre humain, n’est-il pas consolant, pour les hommes de méditation et de science, de voir s’accomplir en leur temps les décrets de la Pro-