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rement réagir sur l’opinion publique encore prévenue mais sensiblement ébranlée.

Le Journal des Economistes peut, à très-juste titre, revendiquer une large part dans ce résultat. Il a été la cause et l’effet d’une série d’études qui n’auraient pas été tentées sans lui ; il a groupé des hommes qui n’auraient point eu occasion de se rapprocher pour faire un effort commun ; il a donné aux uns l’occasion d’enseigner, aux autres celle de s’instruire ; enfin il a réuni les membres épars de l’école économique à laquelle incombe désormais la tâche glorieuse de combattre partout le monopole, le privilége et l’esprit de réglementation ; de rallier la partie intelligente du Socialisme, et d’éclairer toutes les questions qui surgissent à l’horizon de l’ère essentiellement pratique et laborieuse dans laquelle nous venons d’entrer.

Si nos lecteurs veulent bien feuilleter les tables des quatre volumes que les nombreux rédacteurs du Journal des Économistes ont écrits, dans le cours de l’année qui finit avec le numéro de novembre, ils verront que nos efforts progressent comme leur concours.

M. Renouard, M. Vivien, M. Wolowski, ont apporté de précieux éléments à la discussion des lois importantes qui vont être soumises à la Chambre des députés sur la législation industrielle, les livrets, les marques de marchandises, les modèles et les dessins de fabrique.

Les questions financières, qui ont tant occupé la dernière Chambre, et qui attendent une solution de la nouvelle législature, c’est-à-dire la réduction de l’impôt du sel, la réforme postale, les problèmes que soulève la refonte de nos monnaies, ont été vivement abordées par M. Frédéric Bastiat, qui a su transporter sa verve et sa dialectique enjouée sur le terrain aride des chiffres ; par M. Joseph Gamier, qui a si bien débusqué de dangereux sophismes que l’honorable M. Gay-Lussac avait abrités sous son grand nom dans son rapport relatif au projet de loi portant réduction de l’impôt du sel ; par M. Horace Say surtout, dont l’expérience et le savoir ont dernièrement reçu un si éclatant hommage de la part des électeurs de Paris.

Notre système douanier a été attaqué sur les points principaux par des plumes éminentes. M. Léon Faucher est venu plusieurs fois à la charge pour démontrer tout ce qu’a de monstrueux le tarif des fers, véritable clef de voûte de la Protection. M. Louis Reybaud a parfaitement établi, dans un travail qui a eu beaucoup de retentissement, combien s’égarent ceux qui croient à la possibilité de fonder une marine sans le concours du commerce et de la liberté des transactions.

Une immense association a concentré dans une seule main la plus grande partie des bassins houillers de la Loire. L’industrie, les ouvriers mineurs, l’opinion publique, se sont émus de cette formidable combinaison. Un de nos collaborateurs, placé sur les lieux, l’auteur d’un