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JOURNAL

DES

ÉCONOMISTES



PRINCIPE

D’UNE

THÉORIE MATHÉMATIQUE DE L’ÉCHANGE[1]

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I

C’est une question encore débattue entre économistes, que de savoir si l’économie politique est une science proprement dite ou une science d’application. Je crois, pour ma part, non pas qu’elle est à la fois l’une et l’autre (car une science ne saurait être à la fois science proprement dite et science d’application), mais qu’il y a lieu de distinguer, d’une part, sous le nom d’Économie politique pure, l’étude pure et simple des effets naturels et nécessaires de la libre concurrence en matière de production et d’échange, et, d’autre part, sous le nom d’Économie politique appliquée, la démonstration de la conformité de ces effets avec l’intérêt général, et, conséquemment, l’énumération détaillée des applications du principe de la libre concurrence, ainsi démontré, à l’agriculture, à l’industrie, au commerce, au crédit. N’est-il pas nécessaire, en effet, de savoir au moins quels sont les résultats du laisser-faire, laisser-passer, pour pouvoir dire que ces résultats sont bons et avantageux ? Cette nécessité est tellement évidente qu’elle s’impose même aux économistes qui contestent à l’économie politique pure son existence. Ils font de l’économie politique pure, mais ils la mêlent à l’économie politique appliquée, de telle sorte que notre rôle est moins d’affirmer la science dont il s’agit que de la mettre à part en précisant son objet, son caractère et sa méthode.

Pour cela, supposons un pays où existeraient en quantités déterminées telles et telles variétés de services producteurs, savoir des

  1. Lu à l’Académie des sciences morales et politiques