Page:Journal des économistes, 1874, SER3, T34, A9.djvu/5

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lui ai rien emprunté que sa méthode ; mais cela seul est déjà beaucoup, et j’ai tenu à mentionner l’auteur d’une tentative remarquable sur laquelle je répète qu’aucun jugement n’a été porté et à laquelle, par conséquent, j’oserai dire que justice n’a pas été rendue.

II

Des deux problèmes en lesquels j’ai résumé l’économie politique pure, j’aborderai seulement le premier ; encore ne veux-je pas exposer la théorie mathématique de l’échange, mais seulement le principe sur lequel elle repose. La méthode la plus ordinaire nous commande d’étudier l’échange de deux marchandises avant d’étudier l’échange d’un nombre quelconque de marchandises entre elles. Il est certain d’ailleurs que, par l’intervention du numéraire et de la monnaie, le second cas se ramène en partie au premier. Prenons donc deux marchandises quelconques que nous pourrons supposer être l’avoine et le blé, ou que même nous désignerons plus abstraitement encore par (A) et (B). Et figurons-nous un marché sur lequel arrivent d’un côté des gens qui ont de la marchandise (A) et qui sont disposés à en donner une partie pour se procurer de la marchandise (B), et d’un autre côté des gens qui ont de la marchandise (B) et qui sont disposés à en donner une partie pour se procurer de la marchandise (A). Il arrivera, je suppose, que cette avoine et ce blé, ou cet (A) et ce (B), s’échangeront finalement dans la proportion de 2 contre 1, autrement dit que le prix de (A) en (B) sera de 1/2 et que le prix de (B) en (A) sera de 2. Quels sont les éléments constitutifs de ces prix ? Telle est la question qui va nous occuper.

Tout le monde ici dira : — Ces prix seront déterminés par le rapport de l’offre et de la demande. Et c’est, en effet, ce que dit la science actuelle. Malheureusement, c’est là, comme l’a fait observer M. Cournot, une réponse qui n’est pas précisément inexacte tant que les termes en demeurent vagues et indéfinis, mais qui peut devenir et qui devient effectivement tout à fait fausse dès qu’on essaye de la préciser. Qu’appelez-vous l’offre ? Est-ce la quantité totale de la marchandise apportée sur le marché ? Soit. Et qu’appelez-vous la demande ? Est-ce la quantité totale de marchandise qui serait nécessaire pour satisfaire à discrétion les besoins de tous les échangeurs qui sont sur le marché ? Je le veux bien. Seulement si, après cela, vous donnez au mot de rapport son sens mathématique, qui est celui de quotient, je suis forcé de déclarer que le prix n’est le rapport ni de l’offre à la demande, ni de la de- -