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nifiés par des vieillards de plus de quatre-vingts ans, le sixième par un centenaire.

Cependant on craignit que ces désignations abstraites n’eussent pas assez de prise sur l’imagination populaire : on s’en remit du soin de trouver mieux au poète Fabre d’Eglantine dont le rapport, déposé le 25 octobre, fut adopté le 3 novembre 1793. Ce rapport débute par un violent réquisitoire contre les prêtres qui ont fait du calendrier un moyen d’entretenir la superstition et ont cherché, par les fêtes, à tourner à leur profit les passions des hommes. L’idée dominante de l’auteur est de ramener, par le calendrier, le peuple français à l’agriculture : nous reconnaissons-là l’influence de Rousseau, dont Fabre d’Eglantine était l’admirateur et le disciple. Les noms des mois étaient inspirés du caractère météorologique de la période correspondante ou des travaux de la campagne ; ceux de chaque saison présentaient une terminaison identique : en automne, vendémiaire, brumaire, frimaire ; en hiver, nivôse, pluviôse, ventôse ; au printemps, germinal, floréal, prairial, en été messidor, thermidor, fructidor ; noms ingénieux, poétiques, agréables à l’oreille ; Fabre se flattait de donner par leur son même une idée du caractère de chaque mois : n’était-ce pas aller un peu trop loin ? Au sein de chaque décade, les jours seront distingués par leurs numéros d’ordre, primidi, duodi, tridi, etc. Remarquons en passant que le primidi tombera toujours les 1, 11, et 21, le quartidi les 4, 14 et 24 de chaque mois, etc., ce qui présentera des avantages