Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/271

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prédécesseurs. Il fut seulement entendu que ce serait à Avignon ; l’empereur avait d’abord insisté pour Paris. Il fut ajouté ensuite en termes formels que le pape recevrait auprès de lui les ambassadeurs des puissances chrétiennes, revêtus de la plénitude des privilèges diplomatiques, qu’il recouvrerait la jouissance et l’administration des biens non vendus dans les États romains, qu’il toucherait deux millions de revenu en dédommagement des biens aliénés, qu’il nommerait à tous les sièges suburbicaires (Napoléon les avait abolis) et à dix évêchés qui seraient désignés plus tard soit en France soit en Italie, que les anciens évêques de l’État romain conserveraient leur titre avec un traitement égal à leur ancien revenu, que le pape aurait auprès de lui les diverses administrations composant la chancellerie romaine ; que de nouveaux diocèses seraient créés en Hollande et dans les départements anséatiques, et qu’enfin l’empereur rendrait ses bonnes grâces aux cardinaux et évêques compromis à la suite du dernier concile[1]. Il fut stipulé ensuite que l’institution canonique serait donnée aux évêques nommés par la couronne dans les formes et délais adoptés par le concile de Paris, et consentis par le pape dans le bref signé à Savone, c’est-à-dire dans six mois à partir de la nomination par l’autorité temporelle, et qu’à défaut par la cour pontificale d’avoir prononcé dans ce délai, le plus ancien prélat de la province pourrait conférer l’institution refusée ou différée[2]. Cette dernière clause, qui paraissait alors moins importante que la renonciation au pouvoir temporel, était, au fond, l’abandon du pouvoir spirituel. La Convention terminée et signée, l’empereur se hâta d’en publier partout la nouvelle. Il combla de faveurs les prélats domestiques du saint-père et laissa revenir auprès de lui les cardinaux noirs. Mais, dès que le pape eut ses conseillers auprès de lui, il comprit qu’il venait de tout livrer à l’empereur et résolut de reprendre sa

  1. M. Thiers, l. I., t. XV, p. 301, sqq.
  2. Id., ibid.