Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/312

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citoyen se convertit au catholicisme. Notez bien que se convertir au catholicisme, c’est un crime dans toute l’étendue du royaume de Suède ; et ce n’en serait pas un dans le royaume de Norvège[1], qui obéit au même roi ; mais passons. On dénonce ce catéchumène ; on l’empri-

    cent vingt-sept personnes de 8 493 risdalers (18 000 fr.) d’amende pour avoir reçu la Cène d’un individu non ordonné prêtre luthérien. Dans le district d’Orsa, d’Ersdal et de Socra, durant les années 1853 et 1854, deux cents individus ont subi des condamnations analogues. Or. la plupart de ces inculpés étaient pauvres : ils ont été presque tous ruinés ou jetés dans les fers ; et en Suède, la terreur qu’inspire la prison au pain et à l’eau est telle, qu’on lui préfère la mort pour ainsi dire. (M. Henry de Riancey, dans l’Ami de la Religion, du 28 février 1857.) — Cf. un article de M. Lefèvre-Pontalis, dans le Journal des Débats du 30 avril 1858. Enfin, voici le texte d’un arrêt rendu en 1858 :

    cour royale de stockholm.
    Présidence de M. le comte Éric Sparre.


     « Considérant qu’une des accusées étant morte dans le cours du procès, sa cause est éteinte ;
     « Considérant que le nommé Jean-Pierre Muller, maître de langues, étant né dans le Schleswig et n’ayant jamais été naturalisé Suédois, la cour n’a pas de juridiction sur lui pour cause de religion ; « Considérant que les autres accusées, Mme Funk, Mme Ollerman, Mme Schutze, Mme Andersson, Mme Vahlander, Mme Lundegren, toutes nées en Suède, et ayant été élevées dans la doctrine évangélico-luthérienne, qu’elles avaient professée et promis d’observer, ont reconnu devant la cour royale avoir embrassé la religion catholique romaine, ce qui, du reste, a été prouvé par les certificats du prêtre catholique ;
     « Considérant que, bien que dûment averties par leurs pasteurs respectifs, elles ne se sont pas laissé ramener, mais ont au contraire déclaré vouloir persévérer dans la confession catholique ;
     « Vu le chapitre 1er, § 3, du Code criminel, et le chapitre 1er § 2, de la loi ecclésiastique,
     « La cour trouve juste de condamner les épouses Caroline-Christine Funk, née Palingren ; Marie-Charlotte Offerman, née Palingren ; Anne Schutze, née Landberg ; Jeanne Olivia Andersson, née Olsson ; Hedwige-Catherine Vahlander, née Forsmanu, et Sophie Wilhelmine Lundegren, à être expulsées du royaume de Suède et à être privées pour l’avenir de tout héritage et de tous les droits civils dans le royaume.
     « Donné à Stockholm, le mai 1858, au nom de la cour,

    « Signé : comte éric sparre, président. »

  1. En vertu de la loi concernant les dissidents chrétiens du 16 juillet 1845.