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XVIII

LE DÉPART


Quelle joie de partir, d’aller loin !

Puis, Nantes, c’est la mer ! — Je verrai les grands vaisseaux, les officiers de marine, la vigie, les hommes de quart, je pourrai regarder des tempêtes !

J’entrevois déjà le phare, le clignotement de son œil sanglant, et j’entends le canon d’alarme lancer son soupir de bronze dans les désespoirs des naufrages.

J’ai lu la France maritime, ses récits d’abordages, ses histoires de radeau, ses prises de baleine, et, n’ayant pu être marin, par la catastrophe Vidaljan, je me suis rejeté dans les livres, où tourbillonnent les oiseaux de l’Océan.

J’ai déjà fait des narrations de sinistres comme si j’en avais été un des héros, et je crois même que les phrases que je viens d’écrire sont des réminiscences de bouquins que j’ai lus, ou des compositions que j’ai esquissées dans le silence du cachot.

Désespoirs des naufrages, soupirs de bronze, tourbil- -