Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec un petit rire qui a sa portée. Moi, je n’aime pas mieux celle de chez nous !

Bien désintéressé dans la question, — puisque j’étonne même les tailleurs du pays, et que je ne suis vêtu à aucune mode connue depuis l’antiquité jusqu’à nos jours ! mannequin inconscient d’une politique que je ne comprends pas, caméléon sans le vouloir, — je puis apporter mon témoignage, il a son poids.

Eh bien, je préfère l’écharpe rose que la femme du censeur entortille autour de sa taille souple, au châle jaunâtre dont ma mère est maintenant si fière. Je préfère le chapeau de la Parisienne, à petites fleurs tremblotantes, avec deux ou trois marguerites aux yeux d’or, à la coiffure que porte celle qui m’a donné ou fait donner le sein, — je ne me rappelle plus, — où il y a un petit melon et un oiseau qui a un trop gros ventre.


On est donc heureux à la maison.

Ça m’ennuie que l’on ait pris une bonne ! car j’étais occupé au moins, quand j’allais chercher de l’eau, quand je montais du bois, lorsque je déplaçais les gros meubles. J’aimais à donner des coups de marteau, des coups d’épaule et des coups de scie. Je me sentais fort, et je m’exerçais à porter des armoires sur le dos et des seaux pleins à bras tendus. Je ne dois plus toucher à rien, et si je suis pressé, je ne puis même pas décrotter mes souliers.

« Il y a de la boue autour !