Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/272

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— Comme c’est triste là-dedans ! — C’était le proverbe du quartier.


Il y a longtemps que cela dure. Ma mère m’oblige à lui tenir compagnie le soir, et je lui lis des choses saintes, dans sa chambre, à la lueur d’une mauvaise chandelle, près d’un feu sans flamme.

Il n’est question que d’enfer et de douleur. — C’est toujours des désolations dans ces livres d’église.

Une scène !

Mon père, en retournant une vieille malle, a découvert quelque chose de lourd, de sonnant.

C’est un bas plein jusqu’à la cheville de pièces de cent sous.

Il est en train de s’étonner, quand ma mère entre comme une furie et se jette sur le bas pour le lui arracher.

« C’est à moi, cet argent-là. Je l’ai économisé sur ma toilette. »

Mon père ne lâche pas, ma mère crie :

« Jacques, aide-moi ! »

Moi je ne sais que crier et dire en allant de l’un à l’autre :

« Papa ! Maman ! »

Mon père reste maître du sac et l’enferme dans son armoire.


Ils se sont raccommodés !

Ma mère est tout simplement allée trouver mon père et lui a dit :