Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/281

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Une fois je crus que sa gorge s’était cassée, que sa pauvre petite poitrine s’était crevée, et j’entrai dans la maison.

Elle était à terre, son visage tout blanc, le sanglot ne pouvant plus sortir, dans une convulsion de terreur, devant son père froid, blême, et qui ne s’était arrêté que parce qu’il avait peur, cette fois, de l’achever.


On la tua tout de même. Elle mourut de douleur à dix ans.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

De douleur !… comme une personne que le chagrin tue.

Et aussi du mal que font les coups !

On lui faisait si mal ! et elle demandait grâce en vain.

Dès que son père approchait d’elle, son brin de raison tremblait dans sa tête d’ange…

Et on ne l’a pas guillotiné, ce père-là ! on ne lui a pas appliqué la peine du talion à cet assassin de son enfant, on n’a pas supplicié ce lâche, on ne l’a pas enterré vivant à côté de la morte !

« Veux-tu bien ne pas pleurer, » lui disait-il, parce qu’il avait peur que les voisins entendissent, et il la cognait pour qu’elle se tût : ce qui doublait sa terreur, et la faisait pleurer davantage.


Elle était gentille, tout rose, toute gaie, toute contente, quand elle arriva, tendant ses petits bras, donnant son petit sourire.