Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/46

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Il ne rit pas. — Ces noyaux lui font peur !…

Ces noyaux sont des boutons, vert vif, vert gai, en forme d’olives, qu’on va, — voyez si madame Vingtras épargne rien ! — qu’on va coudre tout le long, à la polonaise ! À la polonaise, Jacques !

Ah ! quand, plus tard, il fut dur pour les Polonais, quoi d’étonnant ! Le nom de cette nation, voyez-vous, resta chez lui cousu à un souvenir terrible… la redingote de la distribution des prix, la redingote à noyaux, aux boutons ovales comme des olives et verts comme des cornichons.

Joignez à cela qu’on m’avait affublé d’un chapeau haut de forme que j’avais brossé à rebrousse-poil et qui se dressait comme une menace sur ma tête.

Des gens croyaient que c’étaient mes cheveux et se demandaient quelle fureur les avait fait se hérisser ainsi. « Il a vu le diable, » murmuraient les béates en se signant…

J’avais un pantalon blanc. Ma mère s’était saignée aux quatre veines.

Un pantalon blanc à sous-pieds !

Des sous-pieds qui avaient l’air d’instruments pour un pied-bot et qui tendaient la culotte à la faire craquer.

Il avait plu, et, comme on était venu vite, j’avais des plaques de boue dans les mollets, et mon pantalon blanc trempé par endroits, collé sur mes cuisses.

« Mon fils, » dit ma mère d’une voix triomphante en arrivant à la porte d’entrée et en me poussant devant elle.