Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/63

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Ils ont au derrière de leur culotte, une pièce qui a l’air d’un emplâtre : verte, jaune ; mais c’est la couleur de la terre, la couleur des feuilles, des branches et des choux.

Mon père, qui n’est pas domestique, ménage, avec des frissonnements qui font mal, un pantalon de casimir noir, qui a avalé déjà dix écheveaux de fil, tué vingt aiguilles, mais qui reste grêlé, fragile et mou !

À peine il peut se baisser, à peine pourra-t-il saluer demain…

S’il ne salue pas, celui-ci… celui-là… (il y a à donner des coups de chapeau à tout le monde, au proviseur, au censeur, etc.), s’il ne salue pas en faisant des grâces, dont le derrière du pantalon ne veut pas, mais alors on l’appelle chez le proviseur !

Et il faudra s’expliquer ! — pas comme un domestique, — non ! — comme un professeur. Il faudra qu’il demande pardon.

On en parle, on en rit, les élèves se moquent, les collègues aussi. On lui paye ses gages (ma mère nomme ça « les appointements ») et on l’envoie en disgrâce quelque part faire mieux raccommoder ses culottes, avec sa femme, qui a toujours l’horreur des paysans ; avec son fils… qui les aime encore…


Je me suis battu une fois avec le petit Viltare, le fils du professeur de septième.

Ç’a été toute une affaire !…

On a fait comparaître mon père, ma mère ; la