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l’abandonné.

cevoir sur le pont du Bonadventure, avait été que Pencroff n’avait pas retrouvé le naufragé de l’île Tabor, ou que, tout au moins, cet infortuné s’était refusé à quitter son île et à changer sa prison pour une autre.

Et, en effet, Pencroff, Gédéon Spilett et Harbert étaient seuls sur le pont du Bonadventure.

Au moment où l’embarcation accosta, l’ingénieur et Nab l’attendaient sur le rivage, et avant que les passagers eussent sauté sur le sable, Cyrus Smith leur disait :

« Nous avons été bien inquiets de votre retard, mes amis ! Vous serait-il arrivé quelque malheur ?

— Non, répondit Gédéon Spilett, et tout s’est passé à merveille, au contraire. Nous allons vous conter cela.

— Cependant, reprit l’ingénieur, vous avez échoué dans votre recherche, puisque vous n’êtes que trois comme au départ ?

— Faites excuse, monsieur Cyrus, répondit le marin, nous sommes quatre !

— Vous avez retrouvé ce naufragé ?

— Oui.

— Et vous l’avez ramené ?

— Oui.

— Vivant ?

— Oui.

— Où est-il ? Quel est-il ?

— C’est, répondit le reporter, ou plutôt c’était un homme ! Voilà, Cyrus, tout ce que nous pouvons vous dire ! »

L’ingénieur fut aussitôt mis au courant de ce qui s’était passé pendant le voyage. On lui raconta dans quelles conditions les recherches avaient été conduites, comment la seule habitation de l’îlot était depuis longtemps abandonnée, comment enfin la capture s’était faite d’un naufragé qui semblait ne plus appartenir à l’espèce humaine.

« Et c’est au point, ajouta Pencroff, que je ne sais pas si nous avons bien fait de l’amener ici.

— Certes, vous avez bien fait, Pencroff ! répondit vivement l’ingénieur.

— Mais ce malheureux n’a plus de raison ?

— Maintenant, c’est possible, répondit Cyrus Smith ; mais, il y a quelques mois à peine, ce malheureux était un homme comme vous et moi. Et qui sait ce que deviendrait le dernier vivant de nous, après une longue solitude sur cette île ? Malheur à qui est seul, mes amis, et il faut croire que l’isolement a vite fait