nous resterons à courir bord sur bord pendant toute la nuit, et nous entrerons demain au soleil levant.
— Je vous l’ai dit, Pencroff, nous nous en rapportons à vous, répondit Cyrus Smith.
— Ah ! fit Pencroff, s’il y avait seulement un phare sur cette côte, ce serait plus commode pour les navigateurs !
— Oui, répondit Harbert, et cette fois-ci, nous n’aurons pas d’ingénieur complaisant qui nous allume un feu pour nous guider au port !
— Tiens, au fait, mon cher Cyrus, dit Gédéon Spilett, nous ne vous avons jamais remercié ; mais franchement, sans ce feu, nous n’aurions jamais pu atteindre…
— Un feu… ? demanda Cyrus Smith, très-étonné des paroles du reporter.
— Nous voulons dire, monsieur Cyrus, répondit Pencroff, que nous avons été très-embarrassés à bord du Bonadventure, pendant les dernières heures qui ont précédé notre retour, et que nous aurions passé sous le vent de l’île, sans la précaution que vous avez prise d’allumer un feu dans la nuit du 19 au 20 octobre, sur le plateau de Granite-house.
— Oui, oui !… C’est une heureuse idée que j’ai eue là ! répondit l’ingénieur.
— Et cette fois, ajouta le marin, à moins que la pensée n’en vienne à Ayrton, il n’y aura personne pour nous rendre ce petit service !
— Non ! personne ! » répondit Cyrus Smith.
Et quelques instants après, se trouvant seul à l’avant de l’embarcation avec le reporter, l’ingénieur se penchait à son oreille et lui disait :
« S’il est une chose certaine en ce monde, Spilett, c’est que je n’ai jamais allumé de feu dans la nuit du 19 au 20 octobre, ni sur le plateau de Granite-house, ni en aucune autre partie de l’île ! »
CHAPITRE XX
Les choses se passèrent ainsi que l’avait prévu Pencroff, car ses pressentiments ne pouvaient tromper. Le vent vint à fraîchir, et, de bonne brise, il passa à l’état de coup de vent, c’est-à-dire qu’il acquit une vitesse de quarante à qua-