Page:Julien - Le Théâtre vivant, t. 1, 1892.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
50
LE THÉATRE VIVANT

Nous avions le vaudeville (beaucoup trop de vaudevilles), la comédie d’observation, il nous manquait un théâtre d’imagination, il est créé, et quelle voie ouverte à ces nombreux talents qui brûlent du noble désir de se faire connaître autrement que par des plaquettes de vers ou des interviews ! N’avons-nous pas les poètes de quoi alimenter tous les Chdtelet, toutes les Gaîté et toutes les Porte-Saint-Martin du monde ! Et quel succès ! il n’est point douteux. M. Maurel craint que le public ne soit restreint à ces représentations ; erreur ! Le gros public aime mille fois mieux la fiction et la calembredaine que la vérité, voyez donc comme il s’amuse aux vaudevilles, que sera-ce lorsque la fiction sera tout enfleurie de beaux vers ! c’est la digestion assurée. Il craint encore, le tremblant M. Maurel, que le recrutement des acteurs soit difficile ; bien au contraire ! Les comédiens seront trop heureux d’avoir à représenter des types, des demi-dieux, des symboles, de donner pleine carrière. à leur amour pour le panache, pour le costume, les grançis effets et la déclamation ; n’est-ce pas infiniment plus simple que de composer un personnage au caractère mobile, vivant, pensant et agissant ? Et puis, que demandons-nous aux auteurs dramatiques, je, n’est pas une interprétation irréprochable, qu’il s’agisse d’une pièce d’observation ou d imagination, qu’il s’agisse d’une farce, nous désirons avant tout que ce soit une œuvre d’art.

Peut-être, les adeptes du groupe symboliste n’ont-ils pas, en ce qui concerne le théâtre, tout l’éclectisme que comporte le champ si vaste et si varié de l’art dramatique ; ils me semblent ne pas avoir^de