Page:Justin - Apologies, trad. Pautigny.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en conclure qu’il admet la préexistence éternelle de la matière et nie la création ex nihilo ? Ce serait excessif. Ici, comme partout, il veut faire ressortir l’analogie qui existe à ses yeux entre les doctrines philosophiques et la foi chrétienne. Dieu a façonné et ordonné la matière brute et informe ; voilà un point sur lequel s’accordent Moïse et Platon. Mais rien ne prouve que saint Justin entende pousser l’analogie jusqu’au bout et affirmer avec Platon l’éternité de la matière. C’est ainsi qu’il admet avec les stoïciens que le monde périra par le feu (I, xx, 4), mais non de la façon dont l’entendent les stoïciens (II, vii, 3).


12. Dieu a confié aux anges le soin de veiller sur les créatures visibles (II, v, 2). Les bons anges escortent le Verbe et lui sont semblables : ceux-là nous les honorons (I, vi, 2). Mais tous ne sont pas de bons anges. Il y en a qui recherchèrent le commerce des femmes et engendrèrent les démons (II, v, 3). Les démons, qui ont Satan pour chef (I, xxviii, 1), sont les ennemis du Christ. Connaissant les prophéties qui annonçaient son avènement, ils inventèrent les fables de la mythologie pour égarer les hommes (I, liv, 1, 2). Ils se firent adorer comme des dieux, et ce sont eux qui commirent tous les crimes qu’on impute aux fausses divinités (II, v, 4, 5). Aujourd’hui, ils poursuivent les chrétiens de