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symbolistes et décadents

peintures de natures inférieures, un peu par-ci, par-là, pour le contraste, émaillées de belles apparitions d’âme. Son découragement se traduira par L’Ève future, nœuds d’impossibilité sur impossibilités dénouées par un impossible savant, pour un homme taxé à l’avance d’être unique. S’il incarne un rêve plus élevé, plus près de la raison pure et de l’éternelle passion, ce sera Axel.

L’Église et toutes ses promesses de paix, la science et tous ses infinis de connaissances, l’or fantastique en ses puissances et ses quantités les plus hautes, si démesurées « qu’il en devient un sceptre », l’amour de deux êtres prédestinés, exceptionnels, plus qu’uniques, fruit de la recherche de deux races l’une vers l’autre aidées par d’occultes presciences, les sciences d’Orient, les traditions des Rose-Croix, la noblesse, et la beauté, ne peuvent aboutir qu’à un dialogue et à la mort — l’or et l’amour n’auront pu servir par leur échec qu’à créer un signe nouveau ; les deux renonciateurs qui se seront trouvés par la prédestination, et la féerie du devenir, exposeront ainsi la désertion des Idéals.

Cette œuvre d’Axel, ce beau poème dramatique (car fût-il avec ses larges développements du discours conçu pour quelque scène ?), on nous la présente volontiers, comme le testament littéraire et philosophique de Villiers. Et de fait, toutes ses idées antérieures s’y représentent revêtues de phis mystiques et plus ouvrés vêtements, ses symboles y apparaissent plus détachés de la trame anecdotique ; nous la devons donc accepter ainsi comme œuvre capitale et caractéristique, surtout, seulement même parce que la mort est venue