Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étaient pas de belles qualités, mais les critiques y jetaient des poignées d’éloges à tous les poètes.

Un Briarée, que dis-je, plusieurs, lançaient sans relâche de l’encens et des roses sur tous les rimeurs de Paris, de province, du Canada sans doute. Un jour, M. Emmanuel des Essarts y assuma la tâche d’énumérer, avec une sobre indication, trois mots au plus, tous les poètes de grand talent qui fleurissaient notre pays de France. La chose ne tint pas dans un seul numéro. C’était charmant et beaucoup mieux fréquenté tout de même que les Muses Santones.

Mais il n’y avait pas que les poètes, Shakespeare, Hugo, les Parnassiens, les romanciers où l’on apprenait, frémissants, l’histoire du second Empire, les romanciers qui refoulaient dans nos campagnes le roman idéaliste, La Faute de l’abbé Mouret, donnant des féeries, réalistes, croyait-on, le Nabab enterrant, dans la tombe de Morny, M. de Camors.

Il y avait la peinture, il y avait la musique. La peinture c’était les impressionnistes exposant des merveilles dans des appartements vacants pour trois mois. C’était, à l’exposition de 1878, un merveilleux panneau de Gustave Moreau, ouvrant sur la légende une porte niellée et damasquinée et orfévrée, c’était Manet, Monet, Renoir, de la grâce, de l’élégance, du soleil, de la vérité, et surtout c’était la Musique qui se réveillait en France d’un long sommeil.

Un tas d’oiseaux merveilleux étaient entrés dans le palais de la Belle au Bois dormant, après que Wagner en avait fait, de stupeur, et on disait alors de fracas, éclater les savantes coupoles. Au théâtre, les échos de