Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/352

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ici, il ne se fût pas cru le droit d’attaquer Luce de Lancival, à cause du culte de ce poète pour Racine, ni Viennet, qui se plaçait sous l’égide de La Fontaine et des grands tragiques. Sans établir aucune parité entre Lancival, Viennet et les poètes parnassiens, il faut se rendre compte que Lancival et Viennet étaient des élèves de Racine, de même que les Parnassiens le furent d’Hugo, à cela près qu’ils n’aimèrent point personnellement Racine, nuance morale importante, mais nuance sans valeur, esthétiquement. Dans leur lutte contre les Classiques, les Romantiques admirent qu’il valait mieux renverser en bloc, et condamner Racine en même temps que Lancival plutôt que de tenir compte à ce dernier de ses affinités électives avec le maître d’Athalle.

Nous n’avons point été si injustes ; tout en prenant bonne note de tout ce que les Parnassiens doivent à Hugo (ce qui est néceessaire pour les étudier), nous isolons Hugo comme il doit l’être, sauf rapports avec ceux de son temps d’origine et de développement, et ne le reconnaissons responsable que de son œuvre. On doit aux Parnassiens de les juger en eux-mêmes. Le fait qu’ils exercent une technique traditionnelle n’augmente en rien leur valeur ; un groupe n’est riche que de ses inventions et de ses trouvailles, et si leur formule est la même (on doit faire néanmoins, vis-à-vis de cette assertion, infiniment de réserves) que celle de Rutebeuf, de Villon, de Ronsard, de Corneille, de Molière, de Chénier, de Musset, de Gautier, ainsi que le faisait remarquer M. Mendès en une occasion que je n’oublie pas, cela ne prouve pas qu’ils eurent raison de