Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/369

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de Lisle, les plus importantes techniquement (celle de Baudelaire fut plutôt mentale), sauf sur ce point que toutes deux indiquent une nécessité de serrer le vers relâché par les lamartiniens et les mauvais élèves d’Hugo et de Musset, sont diverses et même contradictoires. Le Petit Traité de poésie de Banville contient, avec luxe de détails relativement à ses dimensions, l’étude des formes fixes. Toutes y trouvent leur place, et Banville les tenta toutes ; le grand poète des Exilés perdit beaucoup de temps à tourner des babioles. Les Parnassiens le suivirent dans cette voie, et, à son instar, firent nombre de ballades, de rondels, de triolets. C’était l’aboutissement du mouvement de curiosité qui avait entraîné les Romantiques vers l’étude assez détaillée du xvie siècle, comme firent Sainte-Beuve et Nerval. Après avoir joui des petits rythmes en curieux, très désireux de trouver un terrain où Hugo n’eût pas mis le pied, les Parnassiens se précipitèrent sur celui-là.

Leconte de Lisle avait des ambitions trop solennelles, je ne dis pas hautes parce que celles de Banville étaient aussi hautes, pour s’amuser à ces gentillesses du vieil esprit français, qui sont à la poésie lyrique ce que les vieux fabliaux sont au roman de mœurs où d’évocation ; il y eut là beaucoup de talent perdu. La fidélité à ces deux influences — la marche au grandiose, selon Hugo et Leconte de Lisle, la danse vers le plaisant et le spirituel, d’après Banville, — communique aux premiers volumes des Parnassiens un aspect un peu hybride. Catulle Mendès, au début de sa carrière longue et remplie, fit voisiner Kamadéva, —