Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/377

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est bien, mais M. Sully Prudhomme ne tire pas de son intention un parti suffisant, et ce n’est pas encore lui qui aura donné au vers parnassien un substrat scientifique. Il s’efforce surtout à différencier l’aspiration poétique et la traduction verbale, ou versification. Il ne se rend pas compte que notre effort a été surtout de réduire cette versification artificielle au minimum, et d’effacer de la versification ce qu’elle avait de mnémotechnique. Nous n’admettons même pas qu’il y ait versification, mais seulement revêtement rythmé de l’émotion. Au contraire, M. Sully Prudhomme, partant sur son idée spéciale de rhétorique poétique qui permet d’exprimer n’importe quoi, même une géométrie, sous forme de phrases de prose césurées exactement et ponctuées d’une rime, regrette le vers-maxime, le vers-aphorisme, le vers oratoire à la façon de la tragédie classique, et, le premier depuis longtemps, il accuse Hugo d’excès de révolte technique, proteste contre l’enjambement, et donne d’excellents arguments à ceux qui veulent établir l’artificialité excessive du vers traditionnel[1].

IV

L’Œuvre du Parnasse n’est pas close, et demain apportera des œuvres ; il est plus que probable que ces

  1. Il est à noter que M. Sully Prudhomme, après avoir fait grand étalage de la phonétique, déclare, à d’autres pages, qu’il ne faut pas toucher au vers traditionnel, fruit de tant de tâtonnements ; en parlant de tâtonnements, il admet donc l’empirisme des méthodes qui le créèrent.