Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/383

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sensation exotique, sur la Louisiane entre autres, certifient la valeur poétique de M. d’Hervilly, qui semble avoir abandonné la poésie pour entasser une Babel d’histoires légères et courtes dont certaines sont fines et d’un véritable humour. M. Emmanuel des Essarts, poète d’ambition et de bonne volonté, a tenté, dans ses Poèmes de la Révolution, un gros effort qui l’a laissé au-dessous de son sujet. M. Xavier de Ricard, dont le livre Ciel, Rue et Foyer contient des pages intéressantes, l’inventeur ou au moins le fervent assidu, au commencement du Parnasse, du sonnet estrambote qui eut les honneurs de la parodie du Parnassiculet, s’est dirigé depuis longtemps vers les études politiques et sociales, et sa plume fut une des plus généreuses parmi celle des écrivains des Droits de l’homme. M. Cazalis a tiré des poèmes hindous et des poèmes persans la matière d’adaptations assez bien faites, et la beauté des modèles n’a point perdu tous ses rayons en passant par ses vers souples. Quelques poèmes en prose agréablement cadencés complètent son œuvre courte que rehausse une bonne histoire élémentaire de la littérature hindoue, très séduisante et attachante. Jean Marras, qui vient de mourir, était un ami très chaud et très dévoué des Parnassiens, profondément pénétré de la vérité de leur esthétique, mais non un parnassien, non plus que Cladel, dont les quelques vers (le sonnet à son âne et quelques courts poèmes) ne sont qu’une part insignifiante de l’œuvre. M. Frédéric Plessis, d’un vers ferme et distingué, augmenta le nombre des poèmes antiques. C’est, parmi le premier ban des Parnassiens et leurs immédiates recrues, ceux qu’on peut citer, à moins