Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/390

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d’Etat, son roman s’élève au roman social avec Germinal, où il étudie tout pittoresquement, il est vrai, mais avec profondeur, l’état de la mine et l’histoire de la grève. On trouve corollaire à lui la même étude dans le Happe-Chair de Camille Lemonnier, dans quelques nouvelles de Léon Cladel. Et tout récemment dans Travail, Zola abordait le roman purement socialiste, une des manières d’être du roman socialiste, l’hypothèse du bonheur pour tous dans Travail.

Ce genre de roman, il ne l’a pas développé le premier. Il existe un certain nombre de ces romans utopiques, dont le sujet, généralement traité de façon similaire, suppose qu’un homme du xixe siècle, qui s’est endormi un beau soir de xixe siècle, se réveille un beau matin de l’an 2000, et assiste à une vie toute renouvelée, avec laquelle il confronte tous ses souvenirs de civilisé arriéré de notre temps. Ainsi l’Américain Bellamy fait assister son héros à une vie corporative et communiste, dont (son imagination n’étant pas d’une débordante richesse) nous connaissons tous les éléments. Théâtres gratuits, théâtrophone chez soi, magasins généraux où l’on paie en bons de rémunération de travail, grands jardins où se délassent les enrégimentés de l’armée industrielle et où se chauffent au soleil, tant qu’ils le veulent, les invalides, les retraités de cette armée, où le service est obligatoire pour tous les citoyens, et aussi l’union libre désormais généralisée, tel est le programme.

L’Anglais William Morris, artiste d’un tout autre talent, poète, dessinateur, industriel, nous fait assister à un semblable réveil dans une cité de verdure, de gé-